L’information :
- lundi, 08 septembre 2014
(Agence Ecofin) – L’opérateur public des télécommunications au Cameroun, Camtel, a officiellement pris possession du point d’atterrissement du câble sous-marin à fibre optique WACS, construit par MTN et rétrocédé à l’Etat du Cameroun. C’était au cours d’une cérémonie présidée le 4 septembre 2014 à Batoké, près de Limbe, dans la région du Sud-Ouest, par le ministre des Postes et Télécommunications, Jean Pierre Biyiti bi Essam.
A travers la rétrocession de cette infrastructure, synonyme de son entrée en service imminente, le ministre des Postes et Télécoms a déclaré qu’il escompte non seulement une amélioration des services internet et de téléphonie, mais aussi une réduction de leurs coûts, de même que la dynamisation des activités telles que le commerce électronique, la télémédecine et le e-learning.
Le WACS est le second câble sous-marin à fibre optique que gère Camtel, après le SAT 3. Il est long de 14 500 km, et doté d’une capacité de 5,2 Tbps, pour une longueur d’onde de 40 gbps. Le point d’atterrissement de cette infrastructure est évalué, selon l’audit financier mené par le cabinet Axxis, à plus de 2 milliards de francs Cfa.
Dans la suite de cette rubrique mes commentaires et les annotations du CESIR sont en italique
Mon commentaire :
Ainsi le Cameroun bat un (autre) record : celui de la station la plus dormante !
En effet, en date du 18 janvier 2012 on peut lire l’information suivante sur le site Afriquinfos
« Le Cameroun, point d’atterrissement de trois câbles sous-marin »
Déjà terminé à Limbe, ville balnéaire du Sud-Ouest du pays, le câble WACS (West African Câble System) n’attend que la signature du protocole d’entente avec l’opérateur de téléphonie mobile sud- africain Mtn, promoteur du projet, pour sa mise en service. (…) »
(Voir cet article et mon commentaire plus haut à sa place chronologique dans cette rubrique)
Le câble sous-marin est donc bien à l’abri dans sa station camerounaise à 3 M€, coulant des jours heureux depuis au moins 2 ans et 9 mois, sans acheminer le moindre bit !
C’est en même temps un exploit économico-comptable, car un investissement de cette importance –auquel il faut ajouter le montant des artères terrestres de câble à fibres optiques pour intégrer la station d’atterrissement de Limbé dans le réseau dorsal national- qui est improductif pendant une telle durée a un sérieux coût financier !
Qu’en pensent les militants des ONG camerounaises, et les citoyens, d’une telle gabegie ?
Au fait, le Bureau sous-régional de l’UIT n’est pas loin du Ministère camerounais ; comment a-t-il réagi à cette situation ?
Un rappel historique :
Indispensable si on neut savoir comment on en est arrivé là
… il y a fort longtemps, et avant WACS :
L’information :
Source :Balancing Act News Update, Issue n° 508, June 12th, 2010 :
France Telecom, Alcatel-Lucent ink agreement for new 17,000km ACE submarine cable
Africa is set to receive a significant broadband boost with the news that France Telecom (FT) has signed the construction agreement with Alcatel-Lucent for the new Africa Coast to Europe (ACE) submarine cable. In a press release, the vendor said its share of the 17,000km fibre-optic link is worth USD500 million and will connect the majority of West African countries to the global broadband network. For its part, FT said the group and its subsidiaries will invest around USD250 million in the cable’s construction, bringing the consortium’s total investment to more than USD700 million. The ACE consortium is a newly formed group of 20 telecom operators, headed by the French behemoth. The new link is expected to be operational in the first half of 2012 and will connect 23 countries, either directly or indirectly (i.e. for landlocked countries), spanning from South Africa to France.
The ACE cable relies on wavelength division multiplexing (WDM), currently the most advanced technology for submarine cables. With WDM, cable capacity can be increased without additional submarine work. With an overall potential capacity of 5.12Tbps, the system is designed to migrate to the new 40Gbps technology that will support future migration to ultra-high speed broadband networks.
Alongside FT the other consortium members are: Baharicom Development Company, Benin Telecoms, Cote d’Ivoire Telecom, Companhia Santomense de Telecomunicacoes, Expresso Telecom Group, Gamtel, International Mauritania Telecom, Cable Consortium of Liberia, Office Congolais des Postes et Telecommunications, Orange Cameroon, Orange Guinea, Orange Mali, Orange Niger, Portugal Telecom, the Gabonese Republic, the Republic of Equatorial Guinea, Sierra Leone Cable, Sonatel and Sotelgui.
Observations et propositions du CESIR :
Ce projet implique des opérateurs connus et reconnus, sauf deux.
- Expresso, dont on ne sait rien. Le 14 juin son site est encore en construction et ne comporte qu’une carte d’Afrique désespérément blanche … mais qui affiche « oser rêver » (« Dare to Dream ») (voir nota à la fin) ;
- Cable Consortium of Liberia et Sierra Leone Cable, dont on ne trouve pas la moindre adresse ni site sur Internet.
Sur la plan technologique on note une topologie classique que l’on trouve déjà sur SAT-3 et les câbles sous-marins qui l’ont suivi : le type linéaire et dérivations (« drop & continue »). Mais on note aussi deux innovations :
- c’est le câble sous-marin qui dessert un nombre record de pays (23), et
- c’est le câble sous-marin à la plus forte capacité potentielle … annoncée : la trame 40 Gbit/s (STM-256 ou OTN 3) par longueur d’onde.
Cela signifie-t-il que des longueurs d’onde -bien espacées- seront mises en œuvre dès le départ avec le débit annoncé ? Ou que le système transportera au départ la trame à 10 Gbit/s sur un certain nombre de longueurs d’onde, étant entendu que l’on migrera vers le 40 Gbit/s sur celles d’entre elles qui en présentent le besoin ?
Sur le plan de la topologie du câble ACE on note qu’il comporte deux caractéristiques intéressantes.
- Une pénétrante pour desservir le Mali et le Niger (Question : quid du Burkina Faso que le site officiel d’Orange a simplement gommé de la carte !).
- Une dérivation vers Sao Tome et Principe, ce qui désenclave cet archipel et permet son intégration dans la sous-région de la CEEAC.
Sur le plan « réseau » on se réjouira que les concepteurs ont pensé à la sécurisation mutuelle –bien que partielle- entre les câbles sous-marins SAT-3 et ACE, pour la bonne raison que France Télécom est partie prenante (importante) des deux systèmes.
Cependant il reste une question importante qui concerne le site d’atterrissement au Cameroun. Il est prévu à Kribi, où aucune station n’existe, et on devra donc la construire (un investissement et des coûts d’exploitation très lourds), alors qu’il existe une station d’atterrissement de SAT-3 à Douala, en exploitation et intégrée dans le réseau national.
Il faut donc s’interroger sur les raisons qui ont conduit à réaliser une deuxième station d’atterrissement au Cameroun, et plus précisément à Kribi. Est-ce parce que le projet CAB a été pris en compte comme « définitivement acté », avec son artère Doba-Kribi pourtant plus que discutable (voir nos analyses antérieures)? Notons en outre que Doba, n’est pas un nœud de réseau avéré ou rationnellement justifiable, alors que Kribi est en cours de réflexion quant à ses fonctions futures : port en eau profonde, site hypothétique de technopôle.
Cependant, le câble FO Doba-Kribi est notoirement en sous-capacité (12 fibres) pour être un segment structurant du réseau d’accès à l’international, voire tout simplement du CAB. Enfin, le projet CAB dans sa version actuelle n’est pas intégré dans le réseau national de la Camtel en cours de réalisation (3 200 km, par Huawei, 5 000 km en cible).
Dans ces conditions Kribi ne serait « justifiable » que si les hypothèses quant à son développement mentionnées plus haut étaient vérifiées, et –surtout- si l’on considérait que l’accès international du Cameroun doit reposer sur deux sites d’atterrissement pour des raisons de sécurisation du trafic. On peut alors s’interroger pourquoi les « hubs » sous-régionaux au Sénégal et en Côte d’Ivoire continuent-ils à reposer sur un seul site ?
Pour intéressant que semble être a priori le choix de Kribi comme site sécurisant Douala, avec implicitement ACE sécurisant SAT-3 et réciproquement, ce schéma alourdirait nécessairement l’architecture et l’exploitation du réseau actuel, tant sur son interface internationale que sur ses interfaces nationale et sous-régionale.
Le CESIR propose en conséquence que le projet ACE réexamine le problème d’atterrissement au Cameroun, en prenant en compte nos remarques, et n’arrête sa position définitive qu’une fois le projet CAB revu, corrigé, finalisé … et acté par les Etats de la CEEAC. Il est donc urgent de reconsidérer l’accès de la CEEAC –et non du seul Cameroun- à l’international via les câbles sous-marins, par exemple en proposant deux options :
- Un site d’atterrissement unique au Cameroun. Dans ce cas ce sera le centre existant de Douala, sachant que Libreville (Gabon) peut valablement sécuriser à la fois le site de Douala et le câble ACE par SAT-3, et cela sans nécessiter ni station supplémentaire ni alourdissement de l’architecture et de l’exploitation.
- Deux sites d’atterrissement distincts, Douala et Kribi ; ce dernier devra être construit, et intégré dans le réseau national de Camtel et sous-régional (CAB).
L’exploitation et en particulier la sécurisation mutuelle des communications internationales extérieures à la sous-région devront être en phase avec l’option retenue.
Le CESIR est disposé à collaborer à ces études qui devront être entreprises très rapidement.
Enfin, il reste encore une grande inconnue : Qui gèrera et exploitera les stations d’atterrissement du projet ACE ? France Télécom au titre d’Orange, ou les opérateurs nationaux respectifs, membres du consortium, et/ou les opérateurs historiques nationaux concernés ?
Jean-Louis Fullsack
Président du CESIR
NOTA : Cette proposition a été envoyée à la présidence du Cameroun et à la CEEAC au nom du CESIR ; aucune réponse n’a été reçue.
Source : http://www.afriquinfos.com/articles/2012/1/18/afrique-centrale-194867.asp :
Le Cameroun, point d’atterrissement de trois câbles sous-marins
YAOUNDE (Xinhua) – Après le câble SAT3, qui arrive bientôt à saturation, le Cameroun s’apprête à servir de point d’atterrissement de deux nouveaux autres câbles sous-marins de télécommunications sur sa façade atlantique, annonce le ministère des Postes et des Télécommunications.
Mercredi 18 janvier 2012 | © Afriquinfos
Déjà terminé à Limbe, ville balnéaire du Sud-Ouest du pays, le câble WACS (West African Câble System) n’attend que la signature du protocole d’entente avec l’opérateur de téléphonie mobile sud- africain Mtn, promoteur du projet, pour sa mise en service. S’agissant du câble ACE emmené par le français Orange, les négociations sont très avancées pour sa mise en place à Kribi, autre ville balnéaire camerounaise mais au Sud, a expliqué le secrétaire général du ministère des Postes et Télécommunications, Edouard Ebah Abada, lors de la présentation des voeux au ministre Jean-Pierre Biyiti bi Essam mardi à Yaoundé.
« La pose des points d’atterrissement, outre qu’elle permet la diversification des offres, mais en plus d’ augmenter la capacité d’accès de notre pays aux autoroutes mondiales de l’information, rend disponible beaucoup de capacités, avec tout ce que cela comporte d’impact en terme de baisse des communications », a dit le responsable camerounais. En marge de sa politique de développement des infrastructures, le ministère des Postes et Télécommunications annonce en outre la mise en place de « près de 6.000 kilomètres de câbles de fibre optique, couvrant les dix chefs-lieux de régions, une quarantaine (sur 58, ndlr) de chefs-lieux de départements et plusieurs chefs- lieux d’arrondissements ».
Mon commentaire :
Un exploit à l’actif du Cameroun : trois câbles sous-marins et une station d’atterrissement pour chacun d’eux. Au tarif d’une telle station, qui est de plus de 3 M€, cette « diversification » est vraiment exagérée et ne correspond à aucun principe de sécurisation … ni d’économie !
Pour les responsables politiques c’est cependant un avantage : il y aura trois « inaugurations officielles », sans compter les inaugurations para- ou pseudo-officielles et les missions ministérielles, elles aussi multipliées par trois.
Et dire qu’il se trouve encore des personnes « bien informées » qui s’interrogent sur la cherté des communications en Afrique … et un ministre qui ose proclamer « l’impact en terme de baisse des communications » de cette réalisation !
Source : Balancing Act :
Cameroon inks MoU with Main One
21 Aug 2012
Cameroon’s Minister of Posts and Telecommunications Jean-Pierre Biyiti bi Essam has signed a memorandum of understanding (MoU) with Funke Opeke, CEO of Main One Cable Company, to establish a landing station for the submarine cable system in the country, according to Investir Au Cameroun. Nigerian-owned Main One Cable Company was wincorporated in November 2006 with the aim of installing a new fibre-optic cable system linking West Africa to Europe to increase capacity and lower costs for international and intra-Africa communications. As well as the landing stations in Nigeria (Lagos), Ghana (Accra) and Portugal (Seixal), the system has branching units in Morocco, Canary Islands, Senegal and Cote d’Ivoire, while the second phase of the project will see the system extended to South Africa. The 7,000km cable went live on 1 July 2010 with a design capacity of 1.92Tbps. Cameroon has been connected to the SAT3 submarine cable since 1999 and in June 2012 the government signed an MoU with South Africa’s MTN to use the West African Cable System (WACS), which went live in May this year.
Mon commentaire
Il devient évident que le Cameroun s’oriente vers une 3ème station d’atterrissement probablement à Kribi. Ce choix est discutable car économiquement le coût global est élevé –la station d’atterrissement représente un investissement de près de 3 millions d’euros–et l’insertion d’un 3ème pôle international complexifie le réseau dorsal national.
On peut déplorer que ces choix ne soient pas précédés d’études d’impact –économiques, de réseau et de sécurité- plus développées … et publiées.
Enfin, se pose le problème de l’intégration de cette 3ème station d’atterrissement dans le CAB … mais cela est encore une autre histoire !
Nota en post-scriptum (septembre 2014) : Ce projet de connexion n’a jamais été réalisé, Main One se bornant à relier le Nigeria à l’Europe avec un point d’atterrissement à Accra (Ghana), bien en deçà de ses ambitions … et des MOUs signés. Et payés ?
Source : Agence Ecofin
Cameroun : MTN a remis à l’Etat la station d’atterrissement du câble WASC de Limbe
Jeudi, 28 novembre 2013 13:36
(Agence Ecofin) – L’Etat du Cameroun a racheté à l’opérateur de téléphonie mobile MTN ses droits de propriété sur la station d’atterrissement du câble sous-marin de fibre optique WASC, construite par l’opérateur à Limbé. Les deux parties ont signé un mémorandum d’entente dans ce sens le 27 novembre 2013. Cet accord intervient avec la mise en service du câble déployé par MTN.
Pour Jean-Pierre Biyiti Bi Essam, le ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel), grâce à cette nouvelle infrastructure, les internautes ne devraient plus se plaindre de la mauvaise connectivité, encore moins de son coût élevé. Ce nouveau câble viendra alléger les communications en partance du Cameroun, et qui transitaient uniquement par le câble sous-marin SAT-3, déjà saturé.
D’après le Minpostel, le câble WASC ne profitera pas seulement au Cameroun, mais aussi aux pays de la sous-région qui n’ont pas accès à la mer et dont les communications à l’international sont quelques peu entravées.
Mon commentaire :
Toujours le même refrain sur les bienfaits abondants pour les « consommateurs de bande passante », camerounais en l’occurrence !
L’article ferait mieux de nous indiquer la valeur de la transaction, c’est-à-dire le prix que tous les citoyens camerounais – les « consommateurs » et les autres- ont payé, et quelles en sont les modalités : pleine propriété (la station passe dans le patrimoine public camerounais) ou propriété d’usage (L’Etat a acquis les droits d‘exploitation).
Par ailleurs rien n’est dit sur l’intégration de cette station dans le réseau dorsal national. Le Cameroun est ainsi un des rares pays africains à disposer de trois stations d’atterrissement, alors que le besoin –et l’argent investi- est loin d’être avéré.
On notera que l’information est aussi très incomplète sur le « partenaire » de cette transaction avec le Cameroun : il ne s’agit pas de l’opérateur sud-africain MTN qui a essaimé en Afrique de l’est et centrale, mais de la Société MTN Limited de Dubaï. Une société holding vraisemblablement, ambigüité mais bien pratique pour des transactions un peu troubles …
Source : Agence Ecofin :
L’Etat camerounais va expertiser la facture de MTN concernant le point d’atterrissement du câble WACS
mercredi, 19 mars 2014
(Agence Ecofin) – Le ministre camerounais des Postes et Télécommunications, Jean Pierre Biyiti bi Essam (photo), vient de lancer un appel d’offres national, en vue du recrutement d’un cabinet spécialisé devant «réaliser l’audit financier des travaux effectués par MTN Cameroon dans le cadre de la construction du point d’atterrissement du câble sous-marin WACS (West African Cable System) de Limbe», dans la région du Sud-Ouest du pays.
Cet audit visera concrètement, explique l’avis d’appel d’offres, «à vérifier si les travaux effectués correspondent bien aux montants déclarés par MTN Cameroon, s’assurer que le matériel utilisé correspond au prix déclaré, s’assurer que toutes les factures présentées par MTN Cameroon ne concernent que la construction de ce point d’atterrissement». Les dossiers de soumission doivent être déposés à la Commission spéciale de passation des marchés du ministère des Postes et Télécoms au plus tard le 10 avril 2014.
Construit en 2012 par le groupe MTN, le point d’atterrissement du WACS de Limbe a permis de connecter le Cameroun à ce câble sous-marin à fibre optique long de 14 500 km, et qui s’étire de l’Europe à l’Afrique à travers l’océan Atlantique. Le 27 novembre 2013, MTN Cameroon a rétrocédé ce point d’atterrissement à l’Etat du Cameroun, lui transférant par la même occasion ses droits de propriété sur cette infrastructure.
En contrepartie, l’Etat doit rembourser les frais engagés dans la construction de cette infrastructure par l’opérateur leader du marché du mobile au Cameroun. L’audit annoncé vise donc à s’assurer que la facture présentée au gouvernement camerounais par MTN est sincère.
Mon commentaire :
Le problème fondamental n’est pas le montant payé par l’Etat camerounais pour la rétrocession de la station d’atterrissement de WACS (encore doit-on s’étonner que ce montant est étrangement absent de l’article), mais dans le fait que le Cameroun a opté pour une troisième station de ce type alors que les deux autres, Kribi et Douala, étaient déjà en service et capables d’accueillir l’atterrissement de WACS. De préférence celui-ci aurait dû être réalisé à Douala pour des raisons de topologie de réseau car Douala est intégré dans le réseau dorsal camerounais. La seule précaution à prendre aurait été de réaliser une double adduction, c’est-à-dire deux entrées complètement disjointes réservées l’une à SAT-3 l’autre à WACS, ainsi qu’une double sécurisation de l’alimentation électrique respective des deux systèmes sous-marins.
Lorsque la station d’atterrissement a été projetée, j’avais formulé ces critiques et je les avais portées à la connaissance des autorités camerounaises, sans aucune réaction de leur part. Les voilà obligées de recourir à un audit externe … et à payer non seulement la rétrocession patrimoniale mais aussi de régler, année par année, les coûts très élevés d’exploitation d’une station d’atterrissement notoirement sous-équipée. Sachant que le coût d’une station d’atterrissement se situe entre 3 et 5 millions de dollars (5 millions est le coût de la station d’atterrissement de Mouanda, RD Congo), on est face à une véritable gabegie, et un scandale pour les trois-quarts de la population camerounaise qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté.
Suite à cet article, le commentaire suivant est envoyé à Ecofin (redaction@agenceecofin.com) :
Le véritable scandale dans cette affaire est la création d’une troisième station d’atterrissement au Cameroun, alors qu’il en existe déjà deux ! En outre Limbé est excentré par rapport au réseau dorsal FO du pays, d’où des coûts d’intégration supplémentaires. J’en avais averti les autorités concernée à l’époque du projet de Limbé en leur proposant un atterrissement (de préférence) à Douala, au prix d’un aménagement de cette station de SAT-3 parfaitement intégrée dans le réseau dorsal FO. Je n’ai eu aucune réponse. Les camerounais vont donc devoir régler cette colossale facture pour cet « éléphant blanc ».
Jean-Louis Fullsack
Ancien Expert principal de l’UIT et directeur de plusieurs projets de réalisation et de maintenance/gestion de réseau dans la sous-région d’Afrique centrale
Réponse reçue dans les heures suivant l’envoi :
Monsieur,
Il n’y aucun intérêt à répondre à vos courriers désobligeants.
Bien à vous
Dominique Flaux
Ainsi l’analyse critique d’un fait pour le moins discutable –une dépense importante pour une installation inutile- est pour l’agence Ecofin, basée à Genève « un courriel désobligeant ». L’Afrique est bizarrement défendue sur les bords huppés du Léman …
Source : Agence Ecofin :
La station d’atterrissement du câble WACS appartient officiellement au Cameroun
jeudi, 24 juillet 2014
(Agence Ecofin) – L’Etat du Cameroun a officiellement réceptionné la station d’atterrissement du câble West African System Cable (WACS) construit par l’opérateur de téléphonie mobile MTN. Le ministre des Postes et Télécommunications, Jean Pierre Biyi Bi Essam, et le directeur général de MTN Cameroon, Karl Toriola, ont signé l’acte de cession de cette infrastructure technologique le 24 juillet 2014, au cours d’une cérémonie qui s’est tenue à l’hôtel Hilton, à Yaoundé.
Pour le patron de la filiale camerounaise du groupe sud-africain des télécom, cette cession marque une étape clé dans l’aboutissement d’un partenariat public-privé, garant de services innovant, de qualité et à des coûts réduits, entre le Cameroun et la société de téléphonie mobile. C’est aussi une étape clé dans la fourniture du large bande aux populations camerounaise. Le WASC, long de 14 500 km, doté d’une capacité de 5,2 Tbps pour une longueur d’onde de 40 gbps (Note 1) , vient renforcer la capacité de télécommunications offerte au pays par le SAT-3, vieux de 12 ans, et doté d’une capacité de 354 gbps. La station WACS, basée à Limbé dans le chef-lieu de la région du Sud-Ouest, est évaluée, selon l’audit financier mené par le cabinet Axxis, à plus de 2 milliards de FCFA. (Note 2)
Le ministre des Postes et Télécommunications, Jean Pierre Biyiti-Bi Essam, a expliqué que cet « aéroport numérique » (Note 3) sera géré par Cameroon Telecommunications (Camtel), qui représente le Cameroun dans le consortium WACS. Le pays s’est affilié à ce regroupement d’entreprises ayant un intérêt dans le câble sous-marin de fibre optique à hauteur de 12 milliards de FCFA (Note 4) C’était l’une des conditions pour que l’Etat puisse négocier le rachat de la station d’atterrissement à MTN. Un rachat qui permet d’ailleurs au Cameroun d’avoir le monopole sur cette infrastructure, conformément à la loi 2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications électroniques.
Camtel devra veiller « au respect du principe d’open source (Note 5) qui garantit à tous les opérateurs un accès au haut débit et à des coûts abordables », a insisté le ministre des Postes et Télécoms.
Mon commentaire :
Note 1 : En fait pour une capacité de 40 Gbits/s par longueur d’onde.
Note 2 : Soit « plus de » 3 M€.
Note 3 : Signification ?
Note 4 : Soit 18 M€.
Note 5 : Non, on n’est pas dans le domaine informatique. Il s’agit ici du principe de neutralité de réseau, ou d’accès ouvert.
Cette cession est à saluer par principe. Elle est une étape (un terme ?) importante dans le PPP signé par l’Etat et MTN dont on ne connaît pas cependant les termes … Mais est-elle vraiment une opération « à des coûts réduits » comme l’indique l’article ?
La gestion d’une station d’atterrissement confiée par l’Etat à l’opérateur national Camtel est –de même- à saluer. Mais à condition de s’assurer des moyens en personnel nécessaire ainsi que de sa formation -hautement spécialisée et adaptée- à tous les niveaux concernés : à la Direction générale de Camtel, à la Direction régionale et à la Station proprement dite. Une phase de transition, par exemple d’une année, avec une gestion partagée entre MTN et Camtel serait une solution recommandable pour le personnel de la Station d’atterrissement.
Enfin, la cession à l’Etat de la station de Limbé permettra son intégration dans le réseau dorsal national confié à Camtel. Mais à condition de prendre toutes les mesures indispensables à sa sécurisation : double adduction des câbles dans la stationc, diversité de routage de la desserte de la station, organisation (fonctionnelle et opérationnelle) de l’exploitation-maintenance-gestion, ainsi que la dotation de Camtel en moyens en personnel, en équipements d’intervention et en logistique adéquats.
Février 2016
Jean-Louis Fullsack